La série de peintures (acrylique technique mixte) réalisées sur toiles vise à rendre hommage au poète Gaston COUTÉ(1880-1911) et notamment, à la référence qu'il fait (rarement toutefois) à l’univers végétal régional pour illustrer son propos.

Chaque tableau est une rencontre entre deux univers, celui du poète et celui du peintre (art végétal).

Chaque tableau (65*54cm) est accompagné de la citation poétique qui l'a suscitée. Un texte ancien figurant à la suite le souligne…

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"C'était une fois au beau temps de mai…

Les filles allaient cueillir l'aubépine

Et mon cœur dansait et mon cœur chantait

Comme un sac d'écus dessous sa poitrine.

Des doigts étaient plus blancs que d'autres en les fleurs

Et c'est entre ceux-là que j'ai laissé mon cœur."

 

in "Au coin du bois"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol . I. 1976

"L'chef-lieu d'canton a troués mille âm's, et guère avec.

On peut pas y péter sans qu'tout l'monde en tersaute ;

La moquié du pays moucharde aux chauss's de l'aut'e,

Et les vilains coups d'yeux pond'nt les mauvés coups d'becs.

Pourtant, su' les vieux murs nouérs coumm' l'esprit du bourg,

La belle saison fait berlancer les giroflées ;

 

in "Idylles des grands Gars comme il faut et des Jeunesses ben sages"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol .I. 1976

"Mais nous savons que de l'amas de ce fumier

Doit fleurir, en l'élan de la sève prochaine,

La gaieté des coucous, la grâce des aubiers,

La douceur de la mousse et la beauté des chênes."

 

 

 

in "Automne"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol .IV. 1976

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"Les soirs, parmi les landes pleines

De l'encens fauve des genêts,

Les filles jettent leur bonnet

par dessus' les moulins des plaines.

Et les gâs, en l'ombre des bois

Où tremblotte la lune rose,

S'en vont cueillir la fleur éclose

Qui ne se cueille qu'une fois."

in "Les gas et les filles"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol II. 1976

"Dame ! en ton geste noble et lent

Cueille un coquelicot sanglant

Pour l'épingler sur ta poitrine.

Il est moins rouge que mon cœur

Quant ton rictus aigre et moqueur

Le met en doute ou le chagrine…"

 

in "Chanson de Messidor" (Août 1897)

 

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol III. 1976

"Je suis parti sans savoir où,

Comme la graine qu'un vent fou

Enlève et transporte.

À la ville où je suis allé

J'ai langui comme un brin de blé

Dans la friche morte.

 

in "Cantique païen"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol I. 1976

Vignes
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"Pour tous les bougres qui braconnent

Dedans la Sologne aux bourgeois

ça n'est pas quand la lune donne

Qu'il faut aller au bois :

Dans les sapinières profondes

On rampe dans le noir

_ J'aime la Françoise qu'est blonde !

Faut pas voir tout en noir."

in "Chanson de braconnier"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol .I. 1976

"je compte bientôt soixante vendanges,

N'empêche que j'ai planté l'an dernier,

Le jour où ma vigne emplira ma grange

Ses pieds descendront chatouiller mes pieds.

Mais déjà mes yeux la voient, fière et douce

Ainsi qu'une fille allant à l'amour

Forte comme un gars qui vient des labours

Et mon cœur sourit car ma vigne pousse.

in "Ma vigne pousse"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol .II. 1976

"Il a poussé du pouél de su' l'vent'e à la terre,

Les poumm's vont rondiner aux poummiers des enclos ;

Il a poussé du pouél sous les pans des d'vanquières

Et les tétons rondinent à c'tt' heure à plein corset…

Toutes les filles de seize ans se sont sentu pisser

En r'gardant par la plaine épier les blés nouveaux."

 

 

in "Les gourgandines"

Éditions le Vent du ch'min : "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" Gaston COUTÉ, Oeuvres complètes ; Vol .II. 1976

 

"J'aimerais bien être morte et après revivre… Comme ça, je choisis qu'est-ce que je veux !" Parole de gosse. La même qui, du signe du cancer, s'estimait directement responsable de la mort de son arrière grand père (Paul VILAIN), décédé de cette maladie… S'interrogeant et déjà passablement inquiète, du haut de ses six ans… D'autant plus invraisemblable que l'Homme, mon grand père, avait "fermé le soupirail" quelques années avant qu'elle ne fut née… Ni fleurs, ni couronnes répétait-il à l'envie.

Ci-gît l'Homme là-bas près de la Loire. Un cimetière ordinaire. Vaste champ clos sans âme… Singulier. Sillonné d'allées tirées au cordeau où il est bien difficile de retrouver quiconque dans l'uniformité des tombes. Ainsi de la tombe du poète beauceron, Gaston COUTÉ, qui est bien là aussi, quelque part près du mur ouest. …poète dont les mots se pérénnisent dans ma mémoire depuis l'enfance… depuis que l'Homme en me les disant passionnément y a fixé l'air avec les paroles ! Même engeance…

Animation inhabituelle mais de circonstance avec les beaux jours finissants. Chacun s'affaîrant à nettoyer, sarcler, planter, orner les sépultures… Aucun pour nous renseigner. Qui, connaîssant le nom mais ignorant l'endroit… Qui, ne sachant ni le nom, ni l'œuvre… Il n'y avait plus qu'à se répartir dans diffrentes directions et à déchiffrer systématiquement les épitaphes : Ici repose… A notre camarade. Illisible.

C'est une stèle de pierre grise envahie par un lichen malingre et surmontée d'un christ en fer (*) que l'ami Vania ADRIENSENS découvrit le premier… Lui qui le fait revivre autant qu'il peut, en tout et partout… Au contraire des autres tombes abondamment fleuries et dont le pourtour était méticuleusement ratissé comme pour le délimiter, on ne pouvait se départir d'une sensation d'abandon… Presqu'en face de la cabane du fossoyeur qui est opposée aux entrées du mur du cimetière de Meung-sur-Loire. Un nom gravé à même la pierre : "Gaston COUTÉ décédé le 28 juin 1911 dans sa trente et unième année" En premier… Et puis après lui, Eugène COUTÉ son père décédé en 1920 et puis sa mère en 1927… de chagrin ?

À présent chacun dans un coin d'un même cimetière, Gaston COUTÉ et mon grand-père étaient définitivement associés dans ma mémoire… morts comme on peut juste à la veille d'une moisson blonde… le poète et le peintre.

Ils sont là dans les champs quand il faut que la terre rende… quand les socs des charrues vous la mette sur le flanc… grasse… sitôt emblavée… quand les feuilles rouges et jaunes glissent sur l'eau des Mauves… poussant leur ombre fluide sur les fonds envasés… à la dérive… Ils sont là dans les bois à relever les collets… à guetter les faisans… à crier contre les chasseurs qui foutent des coups de fusils à tort et à travers, en même temps que contre les garde-chasses… Il sont là et même un peu là pour le pinard qu'a déserté les rangs… pour causer de la nature… et puis qu'elle les aura ! …quand le soleil découvre les draps humides de novembre… la grâce d'une perle de rosée juchée sur un brin d'herbe. Ils sont là…

C'est encore à eux que je pense quand j'm'en reviens à pied par la raillotte… loin des derniers faubourgs… après les pylones de la ligne à haute tension qui dressent leur bonnet d'âne métallique le long de l'autoroute… avec arrogance… avec en lisière du bois, le hameau de Roudon… les toits de tuiles mécaniques couleur brique… ou tuiles plates et moussues… gélives… mâtés par les fûts rectilignes des peupliers plantés en bordure de la rivière… L'empreinte des tracteurs au lieu qui fût la "canche" : petit bois d'accacias utilisé comme dépotoir… aujourd'hui remblayé…

Venez marcher dans la campagne… les chevilles torves dans les ornières…la tête dans les nuages… par le bruit de l'herbe froissée, les perdrix débusquées… et les lièvres accouplés… parfois pourchassé par la puanteur de l'engrais épandu… Enivré à force de flairer le vent… Ou bien réfugié dans l'ombre d'un orme magnifique… Arbre de la liberté bien avant qu'il n'agonise… tronçonné plus par cupidité que par bêtise… un arbre à nous volé ! Si puissant qu'à son pied y naissait de l'amour ! L'un et l'autre l'ont connu cet orme…

Quand un arbre est abattu qu'ils soient là… qu'ils veillent sur cette terre éternellement…

RobinFP (1976)

(*) Un jour, v'là-t-y pas que la tombe de Gaston COUTÉ avait disparu… révolution dans l'patelin ! Il s'avéra en fait que que le marbrier, considérant la décrépitude de la tombe (mise à mal par des revanchards…) avait gratifié le poète d'une stèle imposante qui demeure… en même temps que d'un accent grave sur le e de poète… Merci quand même !